CORSICA

Ce n’est pas par hasard que sept villes, bourgs et hameaux, figurant sur les cartes géographiques d’un certain nombre des États -Unis d’Amérique, s’honorent de porter le nom de Pasquale Paoli ou celui de la lointaine petite île de Corse où est né ce héros du XVIIIe siècle. Ce sont : PAOLI, en Pennsylvanie – PAOLI, dans l’Indiana – Corsica, dans le Sud-Dakota – PAOLI en Oklaoma – PAOLI, dans le Colorado – PAOLI, dans le Wisconsin – Corsicana au Texas. Le seul point commun entre ces agglomérations est d’avoir été créées entre le début de l’émancipation des colonies anglaises d’Amérique et le début du siècle suivant. Bref, dans l’immense étendue de l’Amérique profonde, ces confetti urbains sont nés dans la foulée du mouvement indépendantiste qui a généré la libre Fédération des U.S.A. Que viennent faire dans cette histoire le Père de la Patrie Corse et son pittoresque îlot méditerranéen ? Le renom d’un homme des Lumières La notoriété du Général Paoli, fondateur de la Corse indépendante en 1755, était déjà bien assise dans les colonies britanniques lors des premières manifestations du mouvement Townshend qui précédèrent l’affrontement direct des radicaux avec le pouvoir royal. L’ouvrage magistral de James Boswell " An Account of Corsica " leur avait fait connaître les principes philosophiques et sociaux de cet Homme des Lumières, humaniste et chef d’Etat libertaire. Les Fils de la Liberté américains s’en inspirèrent, en intégrant leur propre combat dans la lutte universelle des peuples opprimés contre le despotisme. En 1768, le célèbre éditorialiste du " New-York Journal " n’hésitait pas à qualifier Paoli de plus grand homme de la terre ! Mais cela n’explique pas encore pourquoi et comment une pléiade de localités américaines a emprunté leurs patronymes à la glorieuse histoire de la Corse paoline. On le comprendra mieux en se reportant à l’aurore de la guerre d’indépendance, dans cet État de Pennsylvanie où se déroulèrent les plus fameuses batailles menées par les Insurgent contre les Red-Jackets. Situé à une cinquantaines de Kilomètres de Philadelphie, en pleine campagne, un discret estaminet est devenu le point de rencontre des Fils de la Liberté. En hommage au Général des Corses, l’établissement a pris le nom de " Taverne du Général Paoli ". Non loin de là, à Vallley-Forge, George Washington a établi son Quartier- Général et le bivouac des unités combattantes, sous le commandement du général Anthony Wayne qui entraînait ses soldats à l’assaut au cri de " Remember Paoli ! ". Au cœur de ce même site historique s’est écrit, en lettres de sang, l’un des plus douloureux épisodes de la guerre d’indépendance, que les historiens américains appellent " Massacre at Paoli ". Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1777, un millier d’hommes du général Wayne, surpris dans leur sommeil, sont exécutés à l’arme blanche ou passés au fil des baïonnettes par un régiment anglais. Un imposant monument commémore ce tragique événement, à l’emplacement même où s’élèvent les plus anciennes maisons de la Communauté suburbaine de PAOLI Pa. Transformé, durant un certain temps, en Post-Office, l’ancienne Taverne du Général Paoli a malheureusement disparu, après avoir été ravagé par un incendie en 1899. Il y a tout juste cent ans. Mais, dans cette verdoyante région de Pennsylvanie, haut –lieu de mémoire, la ville de PAOLI est devenue, au fil des années, une vivante et souriante Cité, regroupant de délicieux Cottages, des édifices religieux, de multiples entreprises et commerces et une Library – Musée, riche de souvenirs. Tous les ans, au mois d’Avril, la " PAOLI BUSINESS AND PROFESSIONAL ASSOCIATION ", centre vital de la vie économique et culturelle de la City, organise une importante fête pour célébrer la date anniversaire de la naissance du père de la Patrie Corse. Il est naturel qu’un pacte de Jumelage associe, désormais, PAOLI Pa et CORTE, capitale historique de la Corse. Les fructueux changes universitaires, économiques et touristiques qui en découleront, dans les mois et les années à venir, renforceront encore les liens d’amitié forgés entre les deux villes depuis deux décennies. Ce jumelage, qui sera très bientôt en application, témoigne du rôle de l’héritage historique de la Corse dans son accession à la modernité. Un mimétisme sériel L’attribution des noms évoquant l’île de Corse à une demi-douzaine de localités américaines provient, le plus souvent, de raisons beaucoup plus banales. Au lendemain de la Guerre d’indépendance, le développement du réseau ferroviaire des Etats-Unis vers l’Ouest, dont la première gare de triage est située en amont de PAOLI Pa, multiplie ses stations. C’est alors que les ingénieurs du " Chicago – Burlington & Quincy Rail – Road " décident de baptiser les principales étapes de leur réseau du nom prestigieux de leur nœud originel. Ainsi naissent , tour à tour PAOLI Indiana, petite ville industrielle et PAOLI Oklaoma, gros bourg rural. Cela ne signifie pas, cependant, que les habitants ne se soucient aucunement des connotations historiques qui lient leurs bourgades à un passé commun. Ainsi, PAOLI Indiana vient de mettre en service un Site Internet à vocation commerciale et culturelle et, dans les High-schools du comté, les enseignants rappellent à leurs collégiens les grandes heures de l’épopée paoline. . . . et un autre Corse célèbre C’est un chapitre différent de l’histoire des U. S. A. que nous remet en mémoire la ville de CORSICANA (Texas), où s’élève la statue de José-Antonio NAVARRO. Le père de ce héros, Angel Navarro, sous-officier de l’armée paoline, s’était exilé en Amérique centrale après la conquête française de la Corse. Engagé dans l’armée du Mexique avec le grade de colonel, en 1792, il est chargé d’assurer la sécurité des ressortissants mexicains, soi-disant menacés par les incursions des autochtones indiens. Mais il se rend compte que cette opération n’est qu’un prétexte pour réduire les tribus indiennes en esclavage ou de les anéantir. Refusant d’accomplir cette dégradante mission, il rompt courageusement son engagement et s’installe à San-Antonio où naîtra son fils José-Antonio. Tel père, tel fils. C’est ce dernier qui, dès l’âge de 14 ans, va s’illustrer dans la guerre de libération du Texas, au côté des Indiens. En 1821, José-Antonio Navarro est élu membre de l’Assemblée Législative du Texas et il poursuit la lutte engagée pour neutraliser les ambitions dominatrices de l’Espagne et du Mexique sur la Province qu’il considère comme sa Patrie. Il sera l’un des signataires de l’indépendance du Texas. De son vivant, on donnera son nom à l’État libéré et, lorsqu’on lui demandera quelle appellation conviendrait le mieux à son chef-lieu, il répondra : " En souvenir de mon père, donnez-lui celle de l’île de la liberté : CORSICANA ! ".

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